Mes 20 films d’horreur préférés (Partie 1 de 2)

En ce mois d’Halloween et de pandémie qui s’éternise, l’occasion est trop belle pour ne pas dresser un petit palmarès de nos films d’horreur favoris, et d’honorer une fois de plus un pan du septième art qui a longtemps été méprisé par la critique. Naturellement, cette liste se veut entièrement subjective, et (hélas) beaucoup d’excellents films d’horreur n’y figurent pas, faute d’espace.

#20: CANNIBAL HOLOCAUST (RUGGERO DEODATO, ITALIE, 1980)

Généralement considéré comme l’un des films les plus violents et dérangeants jamais réalisés, Cannibal Holocaust, malgré son indéniable caractère de film d’exploitation, est néanmoins une œuvre plus intelligente et nuancée qu’il n’y paraît à prime abord. Les scènes de tortures, de viols et de massacres qui s’enchaînent sur la musique envoûtante de Riz Ortolani ne font jamais dévier le film de son propos initial : la frontière entre les civilisés et les barbares est bien plus ténue qu’on le croit, parce que la vénalité est au moins aussi dangereuse que l’ignorance. Les ennuis judiciaires qu’a connu le film à sa sortie (censures, procès pour cruauté envers les animaux, accusation infondée de snuff movie) l’ont entouré d’une aura de scandale, et rappellent que cette œuvre n’est pas à mettre entre toutes les mains. Mais ceux qui ont le cœur bien accroché sauront l’apprécier.

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#19: THE DESCENT (NEIL MARSHALL, ANGLETERRE, 2005)

En apparence, The Descent n’aurait pu être qu’un banal survival sur un groupe de jeunes femmes égarées dans une caverne lors d’un voyage de spéléologie et attaquées par des créatures sanguinaires. Il exerce néanmoins un indéniable charme de par sa mise en scène extrêmement maîtrisée et de par le profond sentiment d’attachement qu’il suscite envers ses personnages. Ces qualités suffisent à placer The Descent bien au-dessus de l’immense majorité des films d’horreur qui lui sont contemporains.

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# 18: THE SERPENT AND THE RAINBOW (WES CRAVEN, ÉTATS-UNIS, 1988)

Un premier film de zombies dans cette liste! Le grand Wes Craven replace ici la figure du zombie dans son folklore vaudou haïtien d’origine, offrant une fable fantastico-politique sur l’exploitation, mêlée d’accents mystiques. Le film a d’ailleurs en quelque sorte été rattrapé par son propos, le tournage commencé en Haïti ayant dû se terminer en République dominicaine suite à l’éclatement de contestations publiques. L’histoire est celle d’un anthropologue américain qui tente de percer le mystère de la zombification et se heurte à un inspecteur de la police de Duvalier, qui s’avère être aussi un sorcier. Traversé de flashs visuels absolument géniaux et d’effets spéciaux typiquement années quatre-vingts, The Serpent and the Rainbow se regarde avec un plaisir jouissif.  

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#17: VIDEODROME (DAVID CRONENBERG, CANADA, 1983)

Cronenberg est le cinéaste par excellence de ce qu’on appelle le Body Horror, soit un genre de cinéma qui joue sur le malaise suscité par les représentations corporelles, généralement par le biais du gore ou du sexe (et fréquemment du mélange des deux). Avec Videodrome, il atteint véritablement le sommet de son art avec ce monologue halluciné et visionnaire sur la déliquescence du réel à travers le filtre médiatique. Dans cet univers qui préfigure le deep web et la place de plus en plus intrusive des technologies dans nos vies, James Wood interprète un producteur de télévision perdant petit à petit son cynisme lorsqu’il découvre une chaîne clandestine présentant ce qui semblent être de véritables meurtres. Son personnage erre comme en transe parmi des chairs en mutation qui sont autant de métaphores du devenir angoissant de notre espèce.

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#16: CARRIE (BRIAN DE PALMA, ÉTATS-UNIS, 1976)

Sans nul doute une des adaptations les plus marquantes d’un roman de Stephen King au cinéma, Carrie doit énormément au duo d’actrices formé de Sissy Spacek, touchante de fragilité dans le rôle-titre d’une adolescente rejetée qui se découvre des dons de télékinésie, et de Piper Laurie, glaçante dans celui d’une mère castratrice et fanatique. C’est aussi un des films (avec Phantom of Paradise, sorti deux ans auparavant) qui aura contribué à révéler à la face du monde l’extraordinaire talent de Brian De Palma. Les dernières séquences du film sont de véritables leçons de cinéma, des feux roulants de violence impeccablement photographiés et montés. Ne serait-ce que parce qu’il aura fait émerger de l’anonymat l’un des plus grands cinéastes américains de tous les temps, Carrie mérite amplement sa place dans cette liste.

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#15: INVASION OF THE BODY SNATCHER (PHILIP KAUFMAN, ÉTATS-UNIS, 1978)

À la version originale de Body Snatchers, réalisé par Don Siegel en 1956, cette nouvelle mouture représente incontestablement une mise à jour des plus intéressantes. Le canevas de base est repris (des extraterrestres remplacent un à un les habitants d’une ville en recréant leur enveloppe corporelle pour s’y glisser), tout comme le message idéologiquement ambigu du film de Siegel, mais Philip Kaufman y ajoute une bonne couche d’humour noir, de paranoïa typique du cinéma américain des années soixante-dix et de body horror. Une des indéniables forces du film est son casting, véritable galerie d’acteurs hors-normes et malaisants : Donald Sutherland, Leonard Nimoy, Jeff Goldblum… Un des meilleurs mélanges de science-fiction et d’horreur qui soit.

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#14: PSYCHO (ALFRED HITCHCOCK, ÉTATS-UNIS, 1960)

Évidemment, la légendaire scène du meurtre dans la douche ne provoque plus autant de frissons qu’à l’époque de sa sortie en salles. Cela permet toutefois d’apprécier d’autres qualités de ce très grand film d’Hitchcock qui étaient moins visibles pour les spectateurs de l’époque : son extraordinaire économie de moyens (décors dénudés, noir et blanc laiteux, émotion contenue hormis lors de quelques moments-chocs), son sens du rythme, ses sous-entendus étonnamment explicites pour un film sorti il y a maintenant soixante ans. Psycho est de surcroit l’un des films qui a le plus anticipé sur le devenir du cinéma d’horreur américain : en délaissant les habituels monstres gothiques de la Universal ou de la Hammer pour aborder frontalement la figure du psychopathe, il aura défriché la voie à nombre d’autres films. C’est pourquoi Psycho doit être vu et revu.

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#13: LES TROIS VISAGES DE LA PEUR (MARIO BAVA, ITALIE, 1963)

Dans l’histoire du cinéma de genre, le nom de Mario Bava se doit d’apparaître en lettres d’or. Pour ce touche-à-tout visionnaire, à la fois artiste tourmenté et technicien hors-pair, il n’est certes pas facile de trouver un film qui résume bien l’ensemble de son œuvre. Mais quitte à choisir un seul film du maestro, Les Trois Visages de la peur apparait comme un bon compromis puisqu’il s’agit d’un triptyque : une histoire de maniaque sexuel, une histoire de vampires, une histoire d’esprit vengeur. Le premier volet est un bon exemple de la sensualité trouble et malsaine qui traverse l’œuvre de Bava, le second rappelle son talent pour peindre une atmosphère onirique par des trucages et des éclairages savamment orchestrés, et le troisième démontre sa capacité à faire peur.

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#12: THE DEVILS (KEN RUSSELL, ANGLETERRE, 1971)

Théâtral, baroque, troublant, The Devils fait partie des films dont la force visuelle et émotionnelle est difficile à décrire. Il s’inspire de faits réels, soit le procès et la mise à mort d’Urbain Grandier, un curé français faussement accusé de sorcellerie au XVIIème siècle. Porté par une direction artistique sublime, par un grand sens de la composition et par le charisme d’Olivier Reed, il constitue une expérience cinématographique dont on ne sort pas indemne.

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#11: LES LÈVRES ROUGES (ALIAS DAUGHTERS OF DARKNESS) (HARRY KÜMEL, FRANCE/BELGIQUE/ALLEMAGNE, 1971)

Un second film de vampires dans cette liste, et tout un! Adaptant librement l’histoire de la comtesse Bathory (une aristocrate hongroise du XVIème siècle qui, selon les croyances, se baignaient dans du sang de jeunes femmes pour conserver la jeunesse éternelle), mais dans un cadre contemporain, Harry Kümel signe un film imprévisible, avec une intrigue aux ramifications mystérieuses, baignée dans une atmosphère de cauchemar. Dans le rôle de la comtesse, Delphine Seyrig donne l’impression d’être faite d’éther, de ne plus appartenir au monde des vivants, à la fois en état de grâce et en état spectral. Son personnage crève l’écran pour imprimer ses crocs invisibles dans la gorge du cinéphile, qui redemanderait de ce genre de films.

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