FANTASIA 2019 – 1BR, de David Marmor

Sarah, une jeune femme en conflit avec son père, a quitté le foyer familial pour aller se réfugier à L.A., où elle rêve de faire carrière comme costumière. Sauf que les habitants du bloc appartement où elle a emménagé ont une conception assez particulière du bon voisinage. La suite du récit de 1BR tournera autour de la capacité (ou non) de Sarah à conserver son indépendance d’esprit et sa liberté d’action.

Le synopsis ci-haut est volontairement vague. C’est que l’intérêt de 1BR, premier long-métrage de David Marmor, réside en partie dans le fait qu’on n’est jamais entièrement sûr de quel tournant l’intrigue va prendre, et qu’il faut donc se garder de trop en révéler à l’éventuel spectateur. Loin d’être un énième film de secte, 1BR aborde de façon particulièrement habile la question du contrôle social, avec tout ce que le sujet implique du point de vue moral, mais sans jamais tomber dans aucune forme de lourdeur. Grâce à des interprètes talentueux et particulièrement bien choisis, le film parvient à naviguer de revirement en revirement sans jamais apparaître ni forcé, ni ennuyeux.

SPOILER La scène finale est par ailleurs l’une des plus belles que le cinéma américain aura offerte depuis bien longtemps: lorsque Sarah parvient à s’enfuir de l’immeuble après avoir découvert qu’elle n’était pas face à un gourou, mais bien face à une société parallèle entièrement autonome, et qu’en plus l’ensemble de son quartier est converti à cette société parallèle, la caméra s’attarde en gros plan sur son visage en larmes. Puis Sarah éclate de rire et s’enfuie en courant, traversant une rue entière de blocs où retentissent les sonnettes d’alarme annonçant sa fuite. 1BR se fait ici l’écho d’une préoccupation majeure du grand cinéma américain: comment l’individu peut-il conserver sa liberté face à la masse? La peur innée des Américains vis-à-vis toute forme de grégarisme trouve ici une expression assez singulière. FIN SPOILER

Avec 1BR, nous sommes face à une nouvelle confirmation que le cinéma de genre (parler ici d’horreur serait légèrement inexact, même si la réalisation en récupère certains codes) peut transporter avec lui des questionnements philosophiques d’importance, et qu’il peut le faire de façon subtile, sans tomber dans la lourdeur de l’exposé. Ce genre de confirmation fera toujours du bien et n’arrivera jamais assez souvent.