Critique – Astérix: Le Secret de la potion magique, d’Alexandre Astier et Louis Clichy

On continue inlassablement d’espérer la transposition de la saga télévisuelle Kaamelott, laquelle a révélé au monde l’immense talent d’Alexandre Astier, au cinéma. D’abord empêtrée dans un interminable bras-de-fer juridique, la préproduction a mis des années à démarrer, apportant périodiquement son lot de rumeurs: débouchera? Débouchera pas? Selon les propos d’Astier lui-même, le tournage aurait finalement débuté en janvier dernier, en vue d’une sortie en salles pour 2020. Cela en fait du temps à attendre. Fort heureusement, Astier nous a entre-temps lancé quelques amuse-gueules pour nous aider à patienter. Le Domaine des dieux, sorti en 2014 et déjà co-réalisé avec Louis Clichy, s’était avéré un bon succès, ainsi qu’une bonne adaptation d’un album classique d’Astérix à la sauce Astier. Hybride parfaitement dosé entre le sens du dialogue percutant cher au créateur de Kaamelott, lequel doit beaucoup à Michel Audiard, et le slapstick coloré de l’univers créé par Goscinny et Uderzo, le film était rien de moins que savoureux.

Dans ce nouvel opus, celui-là inspiré d’une histoire originale et non d’une adaptation d’album, la magie opère toutefois un peu moins. Malgré un indéniable sens visuel et un rythme enlevant, les rires se font plus clairsemés, peut-être justement parce que trop de scènes d’action empêche les échanges de répliques assassines, lesquels sont la marque de commerce d’Astier et de son humour, de s’installer véritablement.

Évidemment, Astérix: Le Secret de la potion magique demeure en dépit de cela bien supérieur à la plupart des films d’Astérix sortis dans les dernières décennies (notamment un navet comme Astérix aux jeux olympiques, dont on frémit encore). L’univers du plus célèbre des Gaulois y est respecté, tant dans son fond que dans sa forme, sans toutefois tomber dans la simple redite. À bien y penser, la demi-déception qu’on ressent en sortant du film vient peut-être simplement du fait que, dès qu’il s’agit d’Astier, les attentes sont généralement élevées.