Critique – Widows, de Steve McQueen

Un groupe de voleurs trouve la mort dans un braquage. L’argent est parti en fumée, mais le gangster à qui il appartenait (et qui ambitionne de devenir politicien) se met à harceler la veuve d’un des voleurs pour récupérer son bien. Avec les femmes des autres braqueurs, celle-ci met au point un nouveau braquage pour éponger la dette.

 

L’arrivée du nouveau film de Steve McQueen était fortement attendue, après cinq ans de silence. De prime abord, une amère constatation s’impose: Widows marque apparemment le ralliement de Steve McQueen à un cinéma essentiellement commercial. Le Britannique, dont les débuts au cinéma avec Hunger et Shame laissaient découvrir un cinéma de personnages écorchés vifs, un cinéma rempli d’audaces formelles et à l’écriture sans concession, se laisse couler dans les habits confortables du film noir hollywoodien. Rien ne manque des ingrédients habituels: « coups » minutieusement planifiés qui tournent mal, trahisons, rebondissements, dialectique de l’innocence et de la corruption, etc. La seule véritable originalité, revendiquée d’ailleurs dans le titre, consiste dans un casting principalement féminin.

 

Cela ne veut toutefois pas dire qu’il n’y ait aucun plaisir à prendre dans un film comme Widows: le rythme est impeccable, l’intrigue est solidement construite et la caméra de McQueen se permet quelques angles originaux. Et surtout, les interprètes sont globalement excellents, surtout la touchante Viola Davis, et ce, même si on peut déplorer que le vétéran Robert Duvall, l’un des grands acteurs de sa génération, hérite d’un personnage aussi caricatural. Si le film peut être rangé au rang des déceptions, c’est uniquement parce que les attentes seront toujours plus élevées vis-à-vis d’un artiste de talent. Et Steve McQueen a déjà prouvé qu’il en avait beaucoup.