Critique – Solo: A Star Wars Story, de Ron Howard

Il est probablement difficile de concevoir le choc qu’a pu être la sortie du premier Star Wars, il y a de cela une quarantaine d’année. Si, avec le temps, la mythologie de George Lucas s’est véritablement imposée comme l’univers de référence de la science-fiction moderne, à l’époque le projet en laissait plusieurs dubitatifs. Nombre de studios ont refusé le scénario et, lors du tournage, les acteurs étaient parfois perplexes quant à ce qu’ils faisaient (voir l’entrevue d’époque avec Mark Hamill plus bas). C’est dire si l’immense succès commercial à venir n’avait pas été prévu par tous. Le fait de se remémorer qu’à l’origine, Star Wars était une série de films avant-gardistes, cela permet de mesurer l’ampleur de l’effondrement avec un film comme Solo: A Star Wars Story.

 

Centré sur la jeunesse d’Han Solo, sur comment il a rencontré Chewbacca et comment il a acquéri le Faucon Millenium, le scénario se traîne poussivement durant 2h15, sous une photographie morne, sous une direction artistique mille fois moins imaginative que celle des films d’origine, et avec une réalisation tellement dénuée d’inventivité qu’elle parvient à éventer les rares rebondissements offerts par l’intrigue. Comme elle en a désormais l’habitude, l’industrie hollywoodienne tente ici de camoufler son incapacité à innover derrière un progressisme de façade, notamment avec un personnage de robot revendicateur assez grotesque, et avec un humour omniprésent (parfois efficace, mais plus souvent hors de propos) qui frise le psychotronique. Et contrairement à Rogue One, qui avait au moins la décence de finir sur un coup d’éclat qui faisait directement le liant avec l’épisode IV, Solo laisse présager une suite. Le seul point réellement positif qu’on puisse soulever, c’est le casting: Alden Ehrenreich et Donald Glover ont l’arrogance appropriée pour incarner les jeunes Solo et Lando Calrissian. Mais celle qui sauve (au moins partiellement) le film du naufrage, c’est Emilia Clarke, toujours aussi lumineuse et fascinante, qui incarne ici le rôle de Qi’ra, l’amour de jeunesse d’Han Solo.

 

Évidemment, il s’en trouvera certains pour dire qu’il ne faut pas faire la fine bouche, et prendre le film pour ce qu’il est: de l’action pour de l’action, du rire gras pour du rire gras, et de l’argent pour renflouer les coffres d’Hollywood. Certains en appeleront au sacro-saint « divertissement léger », voire au « plaisir coupable ». Le préambule de ce texte était d’ailleurs pour eux: car non, on ne devrait pas faire des films comme on fait des boîtes de conserve, à la chaîne. C’est en tout cas contraire à ce qu’était originellement Star Wars.

https://www.youtube.com/watch?v=o4VccVG6t7k