Critique – Pacific Rim Uprising, de Steven S. DeKnight

La sortie du deuxième Pacific Rim arrive à un assez bon moment, étant donné que le couronnement de Guillermo del Toro, l’initiateur de la série, lors de la plus récente cérémonie des Oscars, est encore tout frais dans les mémoires. La suite du conflit à mort entre Jaegers et Kaijûs y gagne tout de suite une certaine aura de respectabilité. Il y a néanmoins un inconvénient de taille: cette fois, del Toro ne participe ni à l’écriture du scénario, ni à la réalisation, se contentant d’un poste de co-producteur. Mais le vrai problème, c’est qu’à cette quasi-absence physique s’ajoute une absence spirituelle, ce qui est bien plus grave. Pour le dire clairement, Pacific Rim Uprising ne contient rien de ce qui faisait le charme du premier volet.

 

Une des grandes forces du cinéma de del Toro est de pouvoir miser sur des personnages attachants, ce qui est valable tant pour ses films « d’auteur » (L’Échine du diable, Le Labyrinthe de Pan, The Shape of Water) que pour ses blockbusters remplis de monstres (Blade II, Pacific Rim). Or pour cela il faut un casting solide. Le choix de Johnny Boyega pour interpréter le rôle principal laisse dubitatif. Ce dernier pouvait toujours réussir à passer le test en incarnant Finn, l’ex-stormtrooper désorienté (et somme toute assez fade) des touts derniers Star Wars, mais ici, son interprétation d’un jeune délinquant cynique appelé à devenir le héros qui sauvera l’humanité s’écrase lamentablement, tellement l’incapacité de Boyega à articuler la moindre émotion confine à la neurasthénie. Qu’un acteur aussi effacé ait été choisi pour le rôle du fils de Pentecost, incarné par l’ultra-charismatique Idris Elba dans le premier Pacific Rim, c’est une erreur qui laisse pantois. Parlant de fils indigne, la présence de Scott Eastwood n’arrange rien aux choses, car s’il a bel et bien la gueule de son illustre père Clint, il n’en a aucunement la prestance. Mais le fond du baril est atteint avec la jeune Cailee Spaeny, dont le jeu est tellement faux qu’elle en devient vite insupportable, à tel point qu’on en vient à prier pour que son personnage finisse promptement écrasé par un building quelconque, ou dans l’estomac d’un Kaijû.

 

Et l’intrigue, dans tout ça? L’idée de mettre en scène une nouvelle génération de pilotes de Jaegers, génération qui n’aurait pas connu la guerre et se serait vautrée dans une douce existence jusqu’à ce que les évènements les forcent à devenir matures, aurait pu être intéressante, mais demeure sous-exploitée. Il apparaît clair dès le début que les kids n’ont finalement rien à apprendre et sont déjà capables de toutes les prouesses. Or, si les personnages d’enfants-guerriers passent bien dans l’univers du manga, par exemple, ici la réalité de la chair reste implacable: on en vient à se demander qu’est-ce que c’est que ce monde où l’humanité devrait se retrancher derrière une armée d’adolescents maigrichons pour se sauver d’une invasion de monstres. Conscient de ses limites, le scénario se réfugie dans un humour puérile, qui laisse de marbre. Si on ajoute à cela une réalisation sans éclat et, ultime outrage, le fait qu’il faille attendre les dernières scènes du film pour voir les Kaijûs débarquer, Pacific Rim Uprising est mûr pour être relégué aux oubliettes des films sans intérêt.

 

En conclusion, là où on aurait pu attendre un divertissement de qualité, on se retrouve en face d’un film fait par des enfants, pour des enfants. La fin du film annonçant clairement un troisième épisode, il ne reste plus qu’à espérer qu’un adulte interviendra pour reprendre les rênes, avant l’échouage définitif. Guillermo, si tu nous entends!