Critique télé: Westworld – S01E02 : Chestnut

uffneeghrtcn5tf2l2ep_westworld_s01_ep02_thumbUne semaine après la solide mise en situation de son premier épisode, Westworld ne déçoit pas. Sans avoir l’impact ou l’ambiance aussi réussite du pilote, elle continue de mettre de l’avant ses thèmes tout en élargissant son univers. « The Original » servait d’introduction à deux perspectives distinctes sur le parc : les hôtes sur le terrain et les concepteurs en charge du parc. Pour continuer cet élan, « Chestnut » nous introduit à une troisième perspective: les invités, sous la forme d’un gentil garçon et son collègue plus dégourdi, affublés de chapeaux blanc et noir respectivement (une touche de symbolisme d’une grande subtilité!)

En assumant que l’arche dramatique principal de la série tournera autour d’une révolte des machines, ces dernières ont fait, cette semaine, un pas de plus vers la perception de soi. La mise à jour des « rêveries », qui connectaient les hôtes à leurs passé, était donc la boule de neige qui menace de se transformer en avalanche d’ici 8 épisodes. L’embryon commence à germer, à travers des conversations sur les rêves et les cauchemars, qui servent de connexions à leurs vies précédentes. D’une certaine façon, on revient à la répétition du pilote, sauf que ce sont les êtres artificiels qui commencent à avoir un aperçu des cycles précédents, repérant le motif de violence que la race humaine leur fait endurer. Les tâtonnements inconscients des hôtes vers leurs souvenirs risquent d’avoir des répercussions assez catastrophiques pour les humains qui misent gros sur cette capacité à leur faire oublier.

Du côté du département « narratif », on continue de pousser la critique du divertissement gratuit. Cette fois ci Lee Sizemore (une autre subtilité) nous présente sa prochaine « intrigue de parc », qui se révèle être « more of the same » – une fantaisie qui, en surface du moins, s’accorde avec tous les clichés de contes contemporains (vaincre le puissant ennemi, conquérir la gente dame, etc.). Le Ford de Anthony Hopkins crève son égo monumental en apposant un droit de véto sur le projet en critiquant la facilité des « cheap thrills ». Pour lui, le parc devrait aspirer à mieux et offrir aux clients une expérience de ce qu’ils pourraient devenir, par opposition à qui ils sont (ce qu’ils savent déjà). Cette scène, couplée avec la finale au cours de laquelle Ford déclare avoir sa propre idée originale pour la suite des choses, nous informe très explicitement que la série a ambition à être plus qu’un autre divertissement pour adulte de HBO, définie par sa violence et sa sexualité. Espérons maintenant qu’ils seront capables d’être à la hauteur de leurs visées.

Dans sa propre petite intrigue personnelle, le mystérieux cowboy en noir d’Ed Harris continue sa quête mystérieuse vers le labyrinthe. Tout en étant légèrement intriguant, ce point d’interrogation est l’aspect le moins intéressant, puisque le reste de la série a déjà tant à offrir. Heureusement, ses scènes ne se complaisent pas dans l’inconnu et continuent d’agrandir l’univers du parc. L’environnement de la série est fascinant en soi et les interactions de Ed Harris sont truffées de petits détails qui nous en apprennent un petit peu plus sur le fonctionnement du parc. L’homme en noir confirme malgré tout son ambition : il n’a plus l’intention de sortir du parc.

Après deux épisodes, Westworld équilibre adroitement les mystères qui nous motivent à essayer de prédire la suite des choses, le contenu thématique qui fait réfléchir et le développement de son histoire.

Coin des prédictions (spoilers!)

Olivier :
Dans le pilote, Ford met de l’avant que l’humanité est à son sommet en ayant vaincu l’évolution, la prochain étape logique étant la résurrection des morts. Lorsqu’on prend en considération cet indice « anodin », les plans mystérieux de « management » pour le parc (auquel on a fait brève référence la semaine dernière), le fait que Dolorès, le plus vieil hôte du parc, a l’apparence d’une jeune femme, beaucoup d’éléments pointent vers l’immortalité. De plus, pour quelle autre raison est-ce que des gens investiraient autant d’argent dans un projet si ce n’est pour développer leur propre fontaine de jouvence? Autre prédiction assez évidente : les programmeurs (Ford et Bernard) auront leur part de responsabilité – volontaire – dans la révolte imminente, surtout avec l’arme que Dolores déterre en fin d’épisode. Pourquoi y aurait-il autant d’emphase sur cette arme si elle n’était pas spéciale? Dolores se serait-elle fait offrir une arme qui pourrait blesser un être humain?
Marc :
Mes prédictions très brèves! Les hôtes héritent de mémoires d’anciens narratives, certes, mais héritent-ils également de mémoires réelles? Un invité pourrait bientôt se faire tuer par un hôte, ouvrant un champ des possibles chez ces derniers qui bouleversera leur programmation. La chose découverte à la fin par Ford viendrait d’une première version du parc?

https://www.youtube.com/watch?v=3D7dDitVR8w