FNC – After the Storm, de Hirokazu Koreeda

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Qu’ont en commun Nobody Knows (2004), Still Walking (2008), I wish (2011), Like Father, Like Son (2013), Our Little Sister (2015) et After the Storm (2016), tous du réalisateur Koreeda? Un souci prononcé pour l’exploration des rapports humains marqués par la perte, la séparation, et le sentiment d’être déconnecté. Si Koreeda questionnait le lien père-fils dans Like Father, Like Son, qui remporta le Prix du jury à Cannes, un lien spirituel qui va bien au-delà de la filiation purement biologique, After the Storm (Un Certain Regard 2016) s’intéresse avec délicatesse et humour à l’après-tempête d’une séparation de couple. L’émotion désagréable de se sentir déconnecté des autres creuse un fossé d’incompréhensions difficile à combler. Or, l’humain ayant horreur du vide, ce dernier est presque toujours comblé de différentes manières, suscitant des réactions diverses de part et d’autre. Bien que la prémisse soit moins forte que Like Father, Like Son, la caméra de Koreeda, discrète, survole avec insistance ce vide entre les personnages, une distance que l’on espère, plus le film avance, se voir rétrécir, et c’est bien ce qui nous tient dans le récit. Notons également le talent indéniable du réalisateur pour la direction de jeunes comédiens, toujours juste et nuancée, dont il s’est fait reconnaitre dans ses derniers films.

Interprété par Hiroshi Abe, bien connu entre autres pour avoir joué dans la série Thermae Romae et quelques autres films de Koreeda, Ryota est un parieur invétéré, un romancier naviguant sur le succès d’un livre écrit il y a des années, et toujours dans l’espoir de voir sa carrière levée, un late-bloomer comme il se décrit. Contraint de travailler dans une agence de détectives privés, sous le couvert d’une recherche pour son prochain roman, il renoue avec sa famille après le décès de son père, en quête d’argent. Mais son incapacité à respecter le paiement d’une pension alimentaire menace de compromettre son seul moment de visite mensuelle avec son fils (Taiyô Yoshizawa). La tempête qui frappe l’archipel, belle métaphore illustrant la tourmente passée d’un divorce qui laisse des traces, force la famille « disloquée » à passer la nuit sous le toit de la grand-mère (l’adorable Kirin Kiki), malgré la réticence de la mère (Yôko Maki), l’ex de Ryota.

C’est avec l’humanisme et la sobriété esthétique d’un Ozu que Koreeda pose sa caméra sur ses acteurs. Le montage est tenu au strict minimum gardant presque tout le temps deux personnages à l’écran, avec l’un en amorce de l’autre et vice versa. Dans ce sens, la proximité des individus dans le cadre exprime bien l’illusion absurde du vide ressenti entre nous. Une autre illusion est celle de cette conscience du temps qui nous extirpe pourtant d’un présent toujours bien réel. Malheureusement, Ryota ne vit pas dans le présent, comme beaucoup d’entre nous, constamment plongé dans un passé qui le retient et un futur qu’il aspire atteindre, mais que le film ne nous montrera jamais, car tout film se vit au présent, 24 fois par secondes de présent! Le génie il est bien là…

Parce qu’il n’y a pas que l’extravagance de Sion et Miike, After the Storm est à voir entre deux ovnis fnc-éens, pour les amants de la culture nipponne.

Projeté à nouveau le 16 octobre prochain, 17h, au Cinéma du Parc.