Critique: 10 Cloverfield Lane, de Dan Trachtenberg

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Côté films de genre indépendants, les dernières années nous auront réservé quelques surprises. Je pense entre autres à District 9 (2009) de Neill Blomkamp,  Monsters (2010) de Gareth Edwards – réalisateur de Godzilla (2014) et de SW Rogue One –, It Follows (2014) de David Robert Mitchell, Ex Machina (2015) d’Alex Garland – le scénariste de Dany Boyle, Under the Skin (2013) de Jonathan Glazer – ici celui qui avait réalisé l’acclamé Sexy Beast (2000) n’en était pas à ses premières armes, contrairement à Edwards et Blomkamp. Cette année risque aussi de nous surprendre, surtout en avril avant la sortie des gros canons hollywoodiens. Les échos venant des projections de presse de Midnight Special et Hardcore Henry annoncent déjà des productions qui risquent de plaire à l’amateur de science-fiction. À en juger par les nombreuses critiques élogieuses (90% sur Rottentomatoes), il est fort à parier que 10 Cloverfield Lane fera également partie des favoris! Produit par J.J. Abrams, et premier long métrage du réalisateur Dan Trachtenberg, le film propose un huis clos angoissant qui ne lâche jamais le spectateur d’une semelle, alternant les moments de tension de quelques repos judicieusement montés, permettant la décharge contrôlée d’une pression qui ne cesse de s’accumuler jusqu’à la conclusion.

Cette critique sera courte, essentiellement pour préserver votre plaisir. L’une des forces du scénario, simple, vient du fait que l’histoire est racontée du point de vue d’un seul personnage, celui de Michelle. Au lieu de commencer le film en saupoudrant les codes du genre par une scène d’action qui donne le ton, le réalisateur nous présente son personnage principal: une fille (Mary Elizabeth Winstead) qui a pour habitude de fuir au moindre obstacle. Son introduction est rapide, mais efficace. Sa quête est simple, mais a le mérite d’être claire dès le début. Elle laisse son fiancé, sans explication, et s’enfuit. Dès les premières minutes, kidnappée ou sauvée par Howard (John Goodman), elle se retrouve enfermée dans un abri nucléaire qui les protègerait d’une attaque chimique, extra-terrestre ou venant d’un autre pays – rien n’est jamais sûr jusqu’à la fin. Tiraillée avec le dilemme: croire en l’histoire abracadabrante d’Howard pour justifier leur confinement, mais tout en voulant sortir à l’extérieur pour corroborer le fait, Michelle doit élucider l’aura de mystère qui plane au-dessus d’Howard, tantôt sympathique, tantôt menaçant, à la personnalité instable et caractérielle. Cette fois-ci, elle ne peut plus fuir et doit affronter ce qui, tranquillement, deviendra l’éléphant dans la pièce. Toutefois, le problème avec ce genre de film, ce ne sont pas les films eux-mêmes, mais leurs attributions génériques, qui régissent les attentes du spectateur. Des fois, il serait mieux de s’en passer et d’éviter de lire le descriptif. Ce que je vous suggère fortement de faire avant d’aller voir 10 Cloverfield Lane. Par ailleurs, la bande-annonce se garde bien de dévoiler quoi que ce soit, en allant ici jusqu’à défragmenter complètement le récit original (ce que normalement toutes bandes-annonces devraient faire! Hélas)…