Fantasia 2014 – Sweet poolside, fétiche adolescent

sweet-poolside-01

Du réalisateur d’Afro Tanaka présenté en 2012 à Fantasia, le réalisateur Daigo Matsui s’intéresse encore une fois à la pilosité corporelle dans cette charmante et dérangeante comédie dramatique sur la puberté. Adapté du manga de Shuzo Oshimi publié en 2004, Sweet poolside est un récit sur le passage à l’âge adulte, ayant recours à une prémisse plutôt loufoque, et à certaines figures métaphoriques dénuées de subtilités. Comme celle où le jeune Toshihiko peut voir, ou du moins être assez proche pour se l’imaginer, le jardin secret d’Ayako. À ce moment, Toshihiko s’imagine alors à l’entrée d’une grotte illuminée. Ce genre d’imagerie fait presque penser à la période de censure imposée par le code Hays à Hollywood. Toshihiko et Ayako sont tous les deux membres du club de natation de leur école. Sans jamais vraiment se parler au début, Toshihiko remarque, sur le bord de la piscine, l’abondante pilosité sur les jambes et les bras de Ayako, alors que lui n’a aucun poil sur le corps. Il en devient par ailleurs la risée de ses camarades lorsque l’un d’eux remarque que Toshihiko en est également dépourvu sur le pubis. Bienvenue dans le monde de l’adolescence. Le récit est ponctué de moments divertissants, empreint d’une naïveté rafraichissante dans la programmation de Fantasia cette année. La relation étrangement intime qui se révèle doucement entre les deux personnages fait sourire. Ayako, incapable de se raser elle-même sans se blesser, demande l’aide de Toshihiko, puisqu’il est le seul à connaitre son secret (bien qu’elle porte des manches longues et des collants en classe, personne d’autre ne s’en est rendu compte à la piscine…). Les moments d’intimité créés entre les deux protagonistes ne sont évidemment pas sans conséquence, alors que Toshihiko tombe tranquillement amoureux de la belle Ayako, semblant subsumer son désir d’avoir des poils en rasant ceux de sa camarade. Elle devient très tôt l’objet de désir du jeune adolescent, qui en devient presque obsédé. Ce qui devient troublant, et en même temps loufoque, c’est qu’il conserve les poils, qu’il range bien méthodiquement. Cette activité se transforme doucement en fétiche, et Toshihiko passe certaines de ses soirées à se frotter les poils d’Ayako sur les bras. Mais voilà, bien que le réalisateur arrive à bien filmer l’intimité entre nos personnages, l’histoire prend une tournure dramatico-burlesque vers la fin, pouvant faire décrocher certains spectateurs non avertis des excès japonais. La direction photo est également quelconque, que ce soit le foyer qui suit difficilement les personnages ou un éclairage d’appoint évident sur le dos de Toshihiko qui marche dans la noirceur, lors d’une scène à la caméra épaule. Ces petits désagréments ne devraient pas vous inciter à bouder votre plaisir. Les personnages sont adorables et l’humour est bien dosé, bien que transgressif.

http://youtu.be/NQikIpi8XMo