FNC 2017 – Les affamés, de Robin Aubert

Pas facile de faire un film de zombies en 2017. Ou plutôt, pas facile d’en faire un qui se démarque du lot, tellement les conventions mises en place par le regretté George A. Romero (et aussi, un peu, par Danny Boyle et son 28 Days Later) continuent de dicter l’essentiel des choix narratifs et stylistiques du genre. Pour relever le défi, Robin Aubert semblait le candidat idéal: son Saints-Martyrs-des-Damnés (2005), bien qu’imparfait, s’écartait salutairement des sentiers battus, et son À l’origine d’un cri (2010) est probablement l’un des meilleurs films québécois de la dernière décennie. Par conséquent, il va sans dire que les attentes à l’égard des Affamés sont très élevées.

Il y a effectivement quelques éléments qui amènent un peu d’air frais au cinéphile. Les zombies de Robin Aubert ne sont ni les cadavres à démarche lente et robotique de Romero, ni les fous furieux écumant de Boyle; Aubert en fait plutôt des créatures espiègles, des démons inquiétants qui apprécient jouer avec leurs proies plutôt que de simplement se ruer sur tout ce qui bouge. Ils semblent également doués ici d’un embryon d’organisation sociale, et même de comportements pseudo-religieux comme en témoigne cette scène où ils se recueillent autour d’une sorte d’immense mausolée fait de chaises empilées. Hélas, cet aspect du scénario reste cruellement sous-exploité, le spectateur se retrouvant au final devant le même sempiternel univers post-apocalyptique, et les mêmes personnages de survivants désorientés qui tentent d’allier leurs forces pour ne pas finir dans l’estomac des morts-vivants.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y aie pas de plaisir à prendre dans une œuvre comme Les affamés: la réalisation de Robin Aubert reste extrêmement dynamique, tout en continuant de refléter les goûts du cinéaste pour la nature, les grands espaces et les individus « écorchés vifs » (sans mauvais jeu de mots). Le film alterne sans aucune misère le drame, l’horreur, l’humour et l’action. Et surtout, les personnages sont particulièrement attachants, à la fois grâce à un casting remarquable du premier au dernier nom et grâce aux dialogues mordants (autre mauvais jeu de mots) d’Aubert. Au final, même si on aurait souhaité que le film ne laisse pas en plan quelques-unes de ses idées les plus originales, Les affamés reste particulièrement divertissant et mené de mains de maître.