Fantasia 2016 – Under the Shadow

under-the-shadow

Nous sommes à Téhéran, durant le conflit Iran-Iraq, dans les années quatre-vingt. Une mère se retrouve seule avec sa fillette dans son appartement, son mari ayant été conscrit. Un jour un missile tombe sur le toit de leur immeuble, mais n’explose pas. Par contre, une présence mystérieuse semble s’être introduite dans leur logis. Petit à petit, la mère et la fille deviennent la proie d’hallucinations de plus en plus violentes. C’est le canevas d’Under the Shadow, film d’horreur iranien qui s’avère être une des belles trouvailles de la présente édition de Fantasia jusqu’à maintenant.

Spontanément, le cinéphile profane songe beaucoup aux films de fantômes japonais (Ringu et autres). On y retrouve, outre la figure récurrente de l’esprit maléfique semant la terreur chez une famille vulnérable, ce même souci du crescendo dramatique, cette même prédilection pour un scénario bien construit et des personnages attachants plutôt que pour les meurtres ou le déferlement de violence et de monstres. Peut-être est-ce dû au fait qu’il existe certaines similitudes entre l’Iran et le Japon? On a affaire après tout à deux civilisations millénaires, où la « tradition » et la « modernité » se rencontrent parfois violemment (ce qu’Under the Shadow rend merveilleusement explicite), et où on retrouve un puissant traumatisme lié à la bombe (conflit avec l’Iraq pour l’un, destruction d’Hiroshima et Nagasaki pour l’autre). En revanche, ici l’esthétique est beaucoup plus épurée que ce qu’on retrouve habituellement dans l’horreur nippone. La réalisation, signée Babak Anvari, mise sur une colorisation très sobre (beaucoup de blanc, d’ocre et de noir) et sur un dénuement marqué des décors. Ces partis-pris n’empêchent pas le film d’être extraordinairement efficace, diffusant de bout en bout une angoisse palpable et faisant sursauter le spectateur à de nombreuses reprises (la salle d’hier pourra en témoigner). Définitivement un film à voir!

https://www.youtube.com/watch?v=4fhejr94P14