Critique – Fantastic Beasts and Where to Find Them, de David Yates

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Fantastic Beasts est le premier film « dérivé » de l’univers d’Harry Potter, ainsi que le tout premier long-métrage scénarisé par sa créatrice J.K. Rowling. Et même si la nature du projet fait surtout penser à une entreprise commerciale destinée à attirer de nouveau les (nombreux) fans d’Harry Potter dans les salles obscures, il faut d’entrée de jeu admettre que l’auteure n’est pas restée assise sur ses lauriers. En effet, le film s’affiche comme d’une grande actualité: les premiers instants narrent en accéléré la discrimination dont furent victimes les sorciers de l’univers du film par rapport à la société américaine, avant de choisir de vivre dans la clandestinité, élément narratif particulièrement porteur de sens au moment où l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis éveille des craintes chez certaines minorités. De plus, et de manière un peu plus subtile, Fantastic Beasts présente un intéressant sous-texte écologique: le personnage central du récit, Newt Scamander, étant un peu le protecteur des animaux fantastiques menacés par un monde qui ne voit ni leur beauté ni leur utilité. Ainsi, il traîne dans sa valise magique tout un bestiaire de créatures fabuleuses, dont quelques-unes s’échappent malencontreusement, ce qui fournit le point de départ de l’intrigue.

Évidemment, on demeure d’abord et avant tout devant un objet de divertissement, au rythme calibré et à l’esthétique plus léchée qu’originale. Un spectateur qui ne boudera pas son plaisir pourra savourer la pléthore de personnages secondaires attachants créés par Rowling, notamment un couple inattendu formé d’un boulanger moldu entraîné par hasard dans les évènements et d’une sorcière aguichante, en plus de rire aux nombreuses touches d’humour du film. On peut en revanche regretter d’assister à une pure et simple overdose d’effets de synthèse (à ce propos, le film reprend presque toute l’équipe technique du dernier Potter, excepté le chef maquilleur Nick Dudman, dont les services n’ont pas été jugés nécessaires étant donné que l’intégralité des monstres et des effets spéciaux ont été créés numériquement). On en vient à se demander quel univers génial aurait pu concocter, à partir du même matériel de base et avec les mêmes moyens, un cinéaste davantage versé dans les effets « à l’ancienne » et prônant un style un peu plus trash, comme un Guillermo Del Toro ou, tant qu’à rêver, un Terry Gilliam. Un autre reproche qu’on peut faire au film est de trop peu développer certaines sous-intrigues, notamment celle du mania de la presse joué par Jon Voight, dont on peine au final à saisir la pertinence.

En conclusion, Fantastic Beasts ne réinvente pas la roue, mais a pour lui le mérite d’être drôle et divertissant. Reste maintenant à savoir comment les créateurs de cette saga en devenir entendent en développer l’univers, puisque pas moins de cinq suites sont prévues. Et voilà qu’à peine chassée, l’expression « entreprise commerciale » revient au galop!