Fantasia 2016 – Too Young to Die

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Disons-le tout de suite, Too Young to Die (Wakakushite Shinu) est la surprise que je n’attendais plus de cette édition de Fantasia. Délirant, déjanté comme seuls les Japonais sont passés maîtres, le film scénarisé et réalisé par Kankuro Kudo (qui en est à sa deuxième réalisation, mais aussi le scénariste de Brass Knuckle Boys et The Apology King) jongle à merveille avec la comédie et le commentaire pudiquement philosophique et social, car jamais explicitement commis. À première vue, le film de Kudo semble ne proposer qu’une expérience ludique sans pareille et en phase avec l’audience de Fantasia, mais il s’y cache également un autre film qui critique le statu quo japonais et son éthique étouffante. Aller plus loin dans ce sens serait dévoiler des éléments clés du scénario. Soulignons toutefois qu’ici l’Enfer n’est peut-être pas si mal!

Daisuke est amoureux d’Hiromi, une camarade de classe. Mais avant de lui déclarer officiellement sa flamme, le bus dans lequel lui et ses camarades se trouvent plonge dans un ravin tuant la majorité d’entre eux. Daisuke se réveille en enfer, près d’une scène où performe un groupe punk composé de musiciens à l’apparence d’oni (créatures démoniaques venant du folklore). Le groupe est dirigé par Killer K à coup de « motherfuckeeeeeer ». Interprété par l’hilarant Tomoya Nagase, la coiffure de ce dernier sort tout droit de la mode glam rock. La suite des péripéties de Daisuke est aussi farfelue que tordante et burlesque! Ses nouveaux amis l’introduiront à son nouveau mode vie, en Enfer, et aussi à la possibilité de pouvoir se réincarner s’il réussit à passer certaines épreuves musicales devant le diable lui-même. De perruche, à une mante religieuse, en passant par un chien, Daisuke revient toujours en Enfer et voit les années passer sur Terre. Il caresse le désir d’accéder au paradis pour rejoindre ses camarades et surtout Hiromi.

Le montage nous amène de temps à autre vers le passé, particulièrement dans le bus juste avant l’accident, mais sans jamais abuser du processus. Très colorés, certains recadrages numériques sont apparents, grossissant les pixels. Or, cela s’intègre plutôt bien dans le kaléidoscope multichromatique du film! Le réalisateur Kudo est aussi guitariste dans un groupe rock comique: Tamashii (sa  grande maîtrise du rythme vient sûrement de là). Son amour et sa connaissance de la musique rock sont palpables (ne serait-ce que par ses nombreuses références à des musiciens connus), et les transforment en leitmotiv qui propulse tout le récit vers l’avant, que ce soit par l’apprentissage de la note « H », ou l’astuce pour rencontrer Hiromi, en se faisant passer pour un musicien.

Too Young to Die m’a charmé par sa fougue et sa spontanéité, en créant des personnages sympathiques et attachants qui ont su m’entrainer dans cette aventure improbable et, contre toute attente, même  touchante. Un coup de coeur.