Critique télé : Westworld S01E06 – The Adversary

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Westworld est une série dont le mystère guide l’intrigue, avec les spéculations qui dominent la conversation qui l’entoure. Après cinq épisodes de point d’interrogations et d’incertitudes, ce sont les révélations qui prennent le devant dans The Adversary. Cette semaine, les personnages ont droit à un aperçu des coulisses et certains masques tombent.

La révélation la plus considérable de toutes c’est qu’il est possible que Jonathan Nolan mente à ses spectateurs. Depuis l’épisode 3, on entend parler de l’ancien partenaire de Ford, Arnold, mort présumé dans le parc, qui hanterait maintenant les machines. Notre unique point de référence visuel est une vieille photo que Ford montre à Bernard, forçant ainsi l’association qu’Arnold est en fait cet homme que nous n’avons jamais vu en chair et en os. Par contre, cette semaine nous avons vu ce même homme et avons pu constater qu’il n’est pas Arnold, mais un hôte « clone » du père de Ford, un alcoolique sévère et brutal. Ainsi, nous n’avons donc aucune idée de ce à quoi ressemble Arnold et si Ford a pu mentir sur ce fait, sur quoi d’autres nous a-t’il menti?

Dans le même ordre d’idée, la série aurait-elle pu nous mentir sur autre chose? La populaire théorie que Westworld utilise le montage pour nous faire croire que toutes les intrigues se déroulent en parallèle et en simultané* est donc encore plus crédible. Surtout lorsqu’on considère que les Nolans sont reconnus pour leurs structures qui mène vers une révélation au dernier acte, et de ce fait remettant en question l’intégrale de l’œuvre. Comme Elsie avec les androïdes, nous venons d’apprendre que la « primary directive » de la série a été altérée, lui permettant de nous mentir pour servir ses besoins narratifs.

Comme révélation plus concrète, Teddy admet que ses talents au fusil lui viennent d’un passé sombre dans lequel il est le complice de Wyatt et non son ennemi juré (quoiqu’un n’exclut pas l’autre). Encore une fois, le montage combiné à la narration nous a intentionnellement guidé sur une fausse piste. Même l’homme en noir est pris de court par cette révélation qui amène une nouvelle perspective sur cet hôte que l’on prenait pour une victime perpétuelle depuis le début. Son origine réécrite il y a quelques semaines, il a probablement été reprogrammé pour être beaucoup plus sombre, faisant de cette révélation un artifice qui a été construit sous nos yeux par Ford.

            « Man in black: You think you know someone…

               Teddy: You don’t know me. »

Un autre masque qui tombe (métaphoriquement, contrairement au visage du jeune Ford qui lui est littéralement retiré pour exposer ce qu’il est vraiment) est celui de Lee Sizemore. Il a toujours été exubérant et bruyant, mais il se révèle en semaine 6 sous son plus mauvais jour en laissant tomber tout semblant de civisme. Il met son égo (et ses parties génitales) à nu et déclare que « The park is my stage », en urinant sur la maquette holographique. Depuis le début, il est clair que Sizemore vise l’emploi de Ford/Dieu. Sauf qu’à la place d’utiliser ce monde pour avoir un contrôle absolu sur tout, autant le présent que le passé, il préfère se saouler et vider sa vessie sur le monde dans un élan de frustration. Sa crise est interrompue par la représentante de Delos, Charlotte Hale, qui elle aussi se révèle sous son vrai jour suite à une supercherie.

Lorsqu’un ventriloque bouge un peu trop les lèvres, il brise l’illusion et on ne peut s’empêcher de remarquer la tromperie. Ce voile est levé cette semaine pour Maeve, telle une marionnette qui remarque les ficelles qui la contrôlent et la bouche qui parle pour elle, et cherche à reprendre les rênes. Elle interrompt le spectacle pour réécrire son personnage suite à sa visite guidée des coulisses de Westworld. Ce motif d’une supercherie mise à nue revient aussi à travers le théâtre abandonné duquel Elsie extrait des secrets, un endroit où l’on a littéralement arrêté de faire semblant.

De plus, la ligne entre marionnettiste et marionnette s’amincit lors d’une conversation entre Maeve et Felix. Il essaie d’expliquer à l’hôte leurs différent fondamentaux, sans jamais vraiment soulever de point assez convaincant. Leurs compositions sont similaires, mais le cerveau est un processeur beaucoup plus avancé pour ce qui est des hôtes. Il évoque aussi la question des souvenirs. Par contre, les souvenirs ont déjà été exposés comme un point de référence peu fiable qui peut être forgé selon les besoins. Au final, Westworld nous entraine à tout remettre en question, incluant ce que la série nous dit et j’ai le sentiment que les révélations sont loin d’être terminées.

Prédictions :

Il devient de plus en plus clair que « the maze » n’est pas nécessairement un labyrinthe physique, mais plutôt une personne (ou un hôte). On apprend de Teddy que selon un mythe autochtone, le labyrinthe représente l’ensemble des choix d’une personne. De plus, lorsque Ford trouve le motif du labyrinthe dans son livre de notes, il suit immédiatement une page avec des dessins de Dolores, qui sont très proches des plans pour construire les anciens modèles – ceux plus « gracieux ». Au centre de l’image du labyrinthe, il y a un corps qui ressemble sans trop de surprise à l’hôte au centre du cercle que l’on voit dans le générique (et au Vitruvian Man de Da Vinci) et qui revient fréquemment d’une semaine à l’autre dans les labos (cette semaine, qui se fait injecter du sang). Pour rattacher le tout au reste du texte, l’image est aussi similaire à une marionnette qui pend au bout de ses fils. Il a été clairement répété plusieurs fois cette semaine qu’un ancien modèle d’hôte est fait de pièces mécaniques, une construction dans laquelle il serait possible de cacher quelque chose.

*Une théorie qui a pris vie en ligne voudrait que William et Logan visitent le parc 30 ans avant les événements auquel nous assistons avec le reste des personnages. La théorie va plus loin en spéculant que The Man in black est en fait William des années plus tard.