Critique – Suicide Squad

SS Harley

Le problème le plus aberrant que partagent Batman V Superman et Suicide Squad se trouve au niveau du montage. Les deux sont des films ambitieux qui doivent mettre en place beaucoup trop de pièces mouvantes et résultent en des produits finaux décousus et confus qui tombent à plat. Ils partagent aussi une intrigue qui est ridiculement simple, mais victime d’un montage qui la rend incompréhensible. Il est incroyable qu’un scénario aussi direct n’arrive pas à nous transmettre les informations les plus simples (ex : tout ce qui concerne les antagonistes).

Suicide Squad est l’effort le plus marqué de DC de se démarquer de leur principal compétiteur (Marvel) en faisant de leur « équipe » des super-vilains. Par contre, du même coup, ils sortent sur le marché leur film le plus « Marvel-esque » à ce jour. De leur utilisation de la musique populaire à la prémisse (une équipe de malfrats doit faire équipe pour combattre une force qui les menacent tous), tout dans ce film hurle « on veut être Guardians of the Galaxy! Aimez-nous comme vous les avez aimés! » Les personnages se lancent des petites blagues pour ponctuer les scènes, se battent contre des hordes de méchants non-remarquables et doivent fermer un gigantesque portail dans le ciel. J’étais surpris que Will Smith ne s’exclame pas, juste avant de détruire le méchant final « We’re the Suicide Squad, bitch. »

On cherche à émuler le succès de GotG, mais l’expérience est loin d’être aussi plaisante ou propulsive. Le ton incertain du film est à peu près aussi confus que sa structure. La première demi-heure est constituée d’un montage de tous les protagonistes et leurs divers talents pour ensuite tomber immédiatement dans l’enjeu final. Après 45 minutes, à l’instant où l’équipe est assemblée, la table est déjà mise pour la confrontation finale. Le Squad passe ensuite une heure complète à se promener dans une ville inhabitée, enchainant des combats interchangeables contre des nuées de soldats oubliables. Il n’y a aucun sentiment d’urgence ou d’enjeu clair qui propulse le récit puisque personne ne semble pressé de régler cette situation catastrophique ; au milieu des décombres, les personnages s’arrêtent même pour prendre un verre dans une scène qui aurait dû être beaucoup plus tôt dans le film.

Malgré tous ces problèmes, Warner Bros mise juste en engageant une panoplie d’acteurs qui rend tolérable le chaos. Le charisme de Will Smith à lui seul bonifie des scènes et des dialogues qui, sur papier, ne devraient même pas fonctionner. Margot Robbie a manifestement beaucoup de plaisir, mais sa personnalité semble un peu trop calculée et artificielle (même problème avec leur Joker, qui est la définition « d’essayer trop fort » et réussit à laisser une mauvaise impression avec ses 12 minutes à l’écran). Viola Davis, dans un rôle qui correspond plus à la définition d’anti-héros aux moralités complexes que ce film vend, est féroce dans un rôle qui est lourd en exposition. Le reste des personnages secondaires est à prendre ou à laisser, ayant du plaisir en arrière-plan, mais n’étant pas les plus conséquents de l’équipe (en dehors de Diablo, la tragédie de l’équipe).

Cet univers cinématographique continue de chercher son pied, mais ce mi-chemin entre la surface qui veut se distinguer de Marvel et le fond qui cherche désespérément le même succès n’est clairement pas la route à prendre. L’équipe derrière le Wonder Woman à venir ont concocté une bande-annonce qui nous donne espoir, mais il va un jour falloir qu’une vision cohérente ressorte de tout cela!