Fantasia – SILENCED (Dong-hyuk Hwang, 2011)

(Originalement publié le 9 août 2012 sur la page Facebook de kinephanos.ca)

Votre confiance aux instances d’autorité sera mise à rude épreuve dans cette œuvre troublante et choquante. On reste profondément marqué par l’injustice dont sont victimes les jeunes personnages de ce récit. Inspiré d’un cas toujours sous enquête en Corée, Silenced (The Crucible aux États-Unis) raconte l’histoire d’un jeune professeur, Kang In-ho, qui est engagé en région pour enseigner les arts dans un établissement accueillant et hébergeant des enfants sourds et muets. Incapable de parler et d’entendre, d’une vulnérabilité extrême,  certains des enfants sont victimes d’abus et de violence à la fois par le directeur de l’école, qui est une personnalité influente dans sa communauté, par le frère jumeau de ce dernier, ainsi que par un professeur particulièrement violent. Les jeunes acteurs sont troublants de vérité et certaines scènes d’abus sont atrocement réalistes et graphiquement à la limite du supportable. On ne peut pas rester insensible face à ce drame, cru, qui se joue devant nos yeux. La musique vient toujours appuyer le récit au bon moment et la caméra s’attarde avec respect aux visages des jeunes protagonistes, des visages criant des émotions à fleur de peau. La progression dramatique est bien maîtrisée et réussit bien à rendre presque palpable l’impuissance du jeune professeur, lui-même père d’une petite fille. En effet, que faire quand on fait face à des gens sans scrupules qui achètent le silence de la police, qui paient le même médecin pour réécrire un second diagnostic favorable à la partie défenderesse, qui règlent financièrement hors cour en profitant de l’inaptitude des tuteurs légaux? La photographie est sobre et le montage parallèle de certaines scènes est judicieux. Par exemple, durant la scène d’introduction, In-ho frappe accidentellement un petit renard, pendant qu’on voit une des jeunes victimes se faire frapper par un train. On se demande l’instant de quelques secondes qui frappe quoi. Sans tomber dans le « pathos » extême, apporter vos kleenex et apprêtez-vous à vivre une expérience émotionnelle chargée. Définitivement dans le top 10 de mes coups de cœur asiatiques.