Fantasia – MONSTERS CLUB (Toshiaki Toyoda, 2011)

(Originalement publié le 1er août 2012 sur la page Facebook de kinephanos.ca)

Dans le nord du Japon, un jeune ermite pratiquant la simplicité volontaire vit dans une cabane retirée dans les bois. L’hiver est lourd, l’ambiance du film l’est tout autant, inquiétante. Il est seul et il fabrique des bombes artisanales qu’il expédie à des propriétaires de grandes entreprises. Durant l’introduction, Rioichi nous explique longuement la difficulté de vivre dans un système prémodelé pour satisfaire les besoins des plus riches. Quelle est la légitimité de ce système? Alors qu’une personne se suicide toutes les 15 minutes… Monsters Club propose une réflexion dure, déroutante et fataliste sur l’existence humaine face aux pouvoirs de la société capitaliste, tout en laissant poindre une lueur d’espoir chez le personnage de la petite sœur qui vient le visiter une fois. La direction photo est magnifique et soignée, le scénario est à l’image du propos qui porte à réfléchir. Les longs plans forcent l’introspection. Les flashbacks personnels et familiaux de Rioichi sont juste assez nombreux pour qu’on arrive à comprendre la nature des apparitions insolites : un homme recouvert de viande, un autre recouvert de mousse digne des clowns cauchemardesques de notre enfance. Rioichi est confronté à ses démons et doit se battre moralement avec lui-même pour résister à la tentation de la mort. Un film d’idées, lyrique par moment, à voir entre deux comédies.