Fantasia – NAKEDNESS WHICH WANTS TO DIE TOO MUCH (Hidenobu Abera, 2012)

(Originalement publié le 6 août 2012 sur la page Facebook de kinephanos.ca)

Un de mes coups de cœur du festival. Surprenant, ce moyen métrage d’Hidenobu Abera est une réelle surprise. Un jeune lycéen, Michiru, étrange et simple d’esprit, s’adonne à des «jeux de suicide » (en effet, il a peur de la mort!) et dort dans un cercueil fabriqué avec des boîtes de carton. En introduction, la narration de Michiru, naïf et torturé, nous entraîne habilement dans son imaginaire à la fois troublant, fragile et candide. Le film aborde également des sujets sensibles qui touchent la jeunesse japonaise contemporaine, comme le suicide, la solitude, la prostitution et le taxage à l’école (des sujets récurrents dans les films asiatiques). J’ai été conquis par le regard, exprimant une intelligence émotionnelle bouleversante, de ce jeune adolescent en lutte avec lui-même et les autres, et complètement décalé par rapport aux attentes de ses parents. Mais il y a de l’espoir lorsqu’il rencontre Sayaka, avec qui il entretiendra une relation fraternelle et d’amitié très forte, dénuée d’attirance sexuelle, ce qui fait changement des personnages de jeunes Japonais et leurs fixations libidinales que l’on retrouve souvent dans d’autres films. On parle beaucoup de la crise d’adolescence comme d’un passage vers l’âge adulte, mais ce film aborde plutôt le passage de l’enfance à l’adolescence. Dans ce sens, la rencontre avec Sayaka est porteuse d’espoir et aide Michiru à se forger une identité plus équilibrée afin qu’il puisse mieux se défendre psychologiquement et mieux négocier les exigences du monde adulte nippon envers l’adolescent japonais. On sent le budget limité dans les moyens techniques utilisés, mais ça ne vient que supporter le récit davantage et le rendre plus crédible. Le jeune réalisateur ayant même recours, très habilement, aux codes de la J-horror. Le récit de ce parcours initiatique qui mène Michiru à la découverte de lui-même est beaucoup plus maîtrisé que l’ennuyant « Schoolgirl Apocalypse » qui se voulait un «coming of age zombie film ». À voir!