Fantasia 2016 – Parasyte Part 1 & 2

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Parasyte est une intéressante adaptation du manga à succès sur le thème de l’invasion extra-terrestre, qui rappelle bon nombre de classiques du cinéma d’horreur et de science-fiction américain tels que Invasion of the Body Snatcher et The Thing (l’imagerie tirée de la version de Carpenter fut visiblement une grande inspiration, notamment avec les têtes qui s’ouvrent en forme de fleurs, et une certaine tête humaine araignée!). Le réalisateur Takashi Yamazaki (The Returner, Space Battleship Yamato) offre donc une adaptation du manga fort respectable et même étonnamment réussie d’un point de vue scénaristique, du moins pour ce qui est du premier film! Le manga, écrit et illustré par Hitoshi Iwaaki, fut publié de 88 à 95, alors que l’anime fut diffusé de 2014 à 2015. Or, si l’on peut dire que Part 1 réussit efficacement à mélanger les genres, tout en gardant le spectateur alerte, on ne peut en dire autant de part 2, qui malheureusement largue quelque peu Shinichi afin de suivre le conflit moral auquel fait face le personnage de Ryoko, une parasite aux motivations ambiguës, tout en sombrant dans le pathos nippon.

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Vivant seul avec sa mère, le jeune Shinichi s’endort avec les écouteurs, et panique lorsqu’une étrange larve lui pénètre la main pour lui remonter le bras. L’intrusion du corps étranger qui remontait vers le cerveau ayant été freinée par Shinichi, le parasite prend possession de sa main droite pour devenir une entité complètement autonome et indépendante, prenant la forme d’une bouche (avec de belles dents!) et d’un oeil. Shinichi et Migi, le nom que le parasite se donne, devront cohabiter pour apprendre l’un de l’autre, et aussi pour survivre à la fois aux événements qui les accableront, ainsi que dans leur lutte contre les autres parasites ayant pris complètement possession de leurs hôtes humains.

Raconté sous la forme d’un récit de passage, le premier opus est plutôt drôle. Clairement, on laisse le temps nécessaire aux spectateurs (néophytes du manga) afin qu’ils s’habituent à la bizarrerie (une main cyclope qui parle!). À l’image du manga et de l’anime, le film ne perd pas de temps. Les personnages se définissent par l’action plutôt que par leurs discours, malheureusement un ressort narratif plutôt courant dans le cinéma nippon. Içi, pas de long soliloque interminable exprimant les intentions de l’antagonisme, du moins pas dans le premier opus. Or, chassez le cheval et il revient aux galops, Part 2 comporte de nombreuses scènes explicatives qui finissent par lasser dans le dernier tiers du film, alors qu’un climax plutôt réussi lors du sauvetage d’un bébé promettait une belle fin. Effectivement, Part 2 souffre essentiellement d’un manque de cohésion, ne sachant pas trop où s’arrêter vers la fin de peur de ne pas avoir tout dit. À cet égard ressort le sentiment qu’il y a plusieurs conclusions, où poignent à l’horizon de potentielles trames non exploitées. Toutefois, les fans apprécieront et reconnaitront les scènes presque tirées telles quelles du manga et de l’anime. À l’exception près, le père est absent du film, alors qu’il est de toute manière à peine présent dans le manga. Étrangement, le gore très graphique, le drame et la comédie (dans Part 1) se côtoient sans heurts. Les enjeux dramatiques, particulièrement ceux du jeune Shinichi en lien avec sa mère, réussissent à nous toucher, et cela, malgré sa main parasitaire en forme d’œil et de bouche; une main qui se transforme au gré des situations soit en sympathique petit bonhomme Pillsbury ou en armes tranchantes et mortelles!

La méfiance du public envers la classe politique au Japon et le sujet épineux du nucléaire sont timidement abordés en toile de fond. La métaphore écologiste, absente du manga, pose la question d’entrée de jeu sur l’impact qu’ont les activités humaines sur l’environnement et sur le « métabolisme planétaire ». Dans ce sens, on comprend pourquoi le film se conclut dans une usine d’incinération, où il y a des déchets radioactifs – offrant même quelques clins d’oeil au classique de James Cameron Terminator 2. Parasyte propose aussi une réflexion intéressante sur la survie et le précieux pouvoir de la mère, protectrice. Le drame de Shinichi, sa culpabilité à l’endroit d’un événement traumatique dans son enfance en lien avec sa mère, rencontre une conclusion émotive lors d’un sauvetage dans le deuxième film. Explorant le terroir idéologique typiquement nippon, plus précisément bouddhiste et shintoïste, le film pose aussi la question à savoir quelle est la valeur que l’on accorde à la vie humaine? Une question que se posera finalement jusqu’à la fin le personnage de Ryoko.

Parasyte est une honnête adaptation qui pourrait plaire aux fans du manga, ainsi qu’aux néophytes avertis.