Fantasia 2014 – Miss Granny, le feel-good-movie coréen du festival

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Ni le titre, ni l’affiche, et encore moins le descriptif qui laissait croire à une reprise de Big (1988) mais à l’inverse, ne m’avaient préparé ni laissé croire que j’allais passer l’un des meilleurs moments du festival. Miss Granny atteint la cible de plein fouet. Le public était énergique et réceptif, applaudissant au moindre gag et quiproquo (quoiqu’on se demande parfois si le public de Fantasia ne confond pas souvent projection de film et concert rock). Le réalisateur de Silenced (2011), Dong-hyuk Hwang, change ici de registre. Passant du drame sérieux et tabou qui traitait du sujet des agressions sexuelles faites à des mineurs, il aborde dans Miss Granny le thème de l’âgisme. La personne que nous devenons est le résultat d’une suite d’expériences, positives et négatives, troublantes ou enrichissantes. Que se passerait-il si nous pouvions revivre dans notre corps de jeunesse? Que changerions-nous? C’est ce qui arrive à Oh Mal-soon, interprétée par Mun-hee Na bien connue pour ses rôles dans The Quiet Family (1998) et Twilight Gansters (2010), une dame de 70 ans, grincheuse et mal commode avec son entourage, et la fière mère (veuve) d’un fils rendu professeur d’université, qu’elle a élevé seule à la sueur de son front dans sa vingtaine. Mais son tempérament irrite les autres. À son grand dam, elle s’en rend compte, puis décide de se faire prendre en photo dans un studio Forever Young Studio Portrait. C’est alors qu’elle se retrouve 50 ans plus jeune, avec la possibilité de vivre son rêve de chanteuse qu’elle n’a jamais pu poursuivre, et ultimement vivre comme une jeune femme de son âge. Il faut bien sûr accepter la prémisse d’emblée, jamais expliquée par les scénaristes. Un peu comme dans Big, le studio se déplace. Mais au diable les explications, la métaphore « de la deuxième chance » fonctionne rondement sans que le récit n’en soit affecté.

C’est la tradition du feel good movie coréen qui se poursuit. On pense au romantique My Sassy Girl (2001), mais surtout au nostalgique Sunny (2011), qui avait été l’un de mes coups de coeur Fantasia en 2012. Incarnant Oh Mal-soon jeune de moins de 50 ans, on y retrouve d’ailleurs la même jeune comédienne qui incarnait l’étudiante timide dans Sunny, la charmante et délicieuse Ho-jeong Yu se donne à cœur joie dans Miss Granny, reproduisant à merveille l’attitude d’une personne du troisième âge, d’une autre génération, et cela, dans les gestes, la manière de parler et dans le regard d’une vieille âme qui a du vécue. Mais Ho-jeong Yu n’est pas seulement mignonne, elle possède un sens de la comédie terriblement efficace, laissant parler les silences bien intercalés entre deux répliques assassines qui vous feront crouler de rire. Le film pose également de bonnes questions sur la manière avec laquelle nous décidons de vivre notre vie, ainsi que sur les relations que nous entretenons avec notre entourage.

Si vous avez manqué Miss Granny hier, ne le manquez pas demain, dimanche le 3 août à 11h45, salle DB Clark.