(Originalement publié le 24 juillet 2012 sur la page Facebook de kinephanos.ca)
En sortant de la salle, j’entends quelqu’un dire: « Ouin je ne m’attendais pas à ça. J’aurais aimé voir plus de combats, pas une comédie ». Une affiche de film, particulièrement à Fantasia, contribue à créer certaines attentes chez le public de films de genre. Pour moi, au contraire, la surprise fut totale. Le scénariste et réalisateur Xu Laofeng (scénariste du prochain Wong Kar-Wai) nous invite plutôt à vivre au rythme tranquille d’une Chine en période de paix, lors de laquelle les disciples de quatre écoles d’art martial, devenant en quelque sorte rouillés, passent le temps lors d’épreuves d’habileté à manier l’épée. Mais voilà que se présente Liang avec une épée au design japonais, interdite selon les règles de l’époque. Afin de pouvoir ouvrir sa propre école, et honorer la tradition liée à cette épée, il devra relever le défi imposé par le responsable des quatre écoles. Les quiproquos sont nombreux, créant des situations comiques qui ne manquent pas de faire réagir le public. Le montage de certaines scènes est judicieux. Par exemple, certains personnages explorent différentes possibilités (un peu à la manière de Robert Downey Jr. dans Sherlock Holmes, mais sans artifices) afin de vaincre leur adversaire. Toutefois, le film ne nous donne jamais d’indices, en changeant la couleur ou la vitesse de l’image par exemple, quant à savoir si ce qu’on nous montre est vrai ou seulement raconté par le narrateur qui explore ses différentes possibilités. On comprend seulement avec le montage, avec les aller-retour possibilité/réalité. Laofeng évite les clichés du genre que l’on s’attendrait normalement à voir dans un wuxia et garde sa caméra braquée sur les personnages. Sword Identity est au final une comédie de situation tout de même nuancée, qui ne tombe jamais totalement dans la caricature, et qui réussit à brosser le tableau d’une époque avec le même souci d’exactitude que pour la réalisation d’un drame historique.